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Grève socialiste des Mineurs de Carmaux

En 1892, lors de la grande grève des mineurs de Carmaux, Jean Jaurès est encore éloigné de la scène politique nationale. Le conflit éclate après le licenciement de Jean-Baptiste Calvignac, ouvrier mineur, dirigeant syndical et socialiste, récemment élu maire de Carmaux le 15 mai 1892. La Compagnie des mines, dirigée par le baron René Reille, président du conseil d'administration et figure dominante de la droite tarnaise, et son gendre Jérôme Ludovic de Solages, également membre du conseil et député de la circonscription depuis 1889, justifie ce licenciement par les absences de Calvignac liées à ses fonctions municipales. Pour les mineurs, ce renvoi est une atteinte au suffrage universel et aux droits politiques de la classe ouvrière.

Les mineurs entament une grève pour défendre leur maire, tandis que le président Sadi Carnot envoie 1 500 soldats au nom de la « liberté du travail ». En pleine affaire de Panama, la République apparaît ainsi comme soutenant le patronat contre les grévistes.

À partir du 29 août 1892, Jean Jaurès publie dans La Dépêche des articles en soutien aux grévistes, aux côtés de Georges Clemenceau. Il dénonce une République dominée par des élus et ministres capitalistes au service de la finance et de l'industrie, au mépris des droits du peuple. Ce conflit marque pour lui un apprentissage de la lutte des classes et du socialisme : Jaurès, jusque-là intellectuel bourgeois et républicain social, sort de la grève de Carmaux convaincu par les idées socialistes.

Sous la pression des grévistes et de Jaurès, le gouvernement tranche finalement en faveur de Calvignac, lui accordant un congé illimité pour exercer ses fonctions de maire. En réaction, Solages démissionne de son siège de député, entraînant une élection anticipée en janvier 1893. N'ayant pu obtenir l’accord de Calvignac ou d'Antoine Duc-Quercy, le comité électoral socialiste de Carmaux se tourne alors vers Jean Jaurès, qui accepte de porter le programme socialiste du Parti ouvrier français. Bien que placé en ballottage au premier tour, il est élu au second tour face à l'opportuniste Héral, remportant 59 % des voix dans les cantons ruraux.